L'artiste
Nicolas MOULIN
Né en 1970 à Paris (FR)
Vit et travaille à Berlin (DE)
Représenté par la galerie Valentin, Paris (FR)
Rencontre avec l’artiste dans son atelier – 2009
Photographe, vidéaste, sculpteur, Nicolas Moulin ne connaît pas d’exclusive dans son travail artistique à mi-chemin entre réel et science-fiction.
De Vider Paris (1998-2001), série d’images retouchées par ordinateur, où apparaissent bétonnés jusqu’au deuxième étage des immeubles et monuments emblématiques de la capitale déserte, à Goldbarrgorod (2008), assemblage de carcasses d’ordinateurs proposé comme unité (centrale) d’habitation, ses projets questionnent le conditionnement idéologique à l’œuvre dans l’architecture et l’urbanisme.
Mêlant simulation et réalisme, il construit des paysages de désolation et de mystère qui nous plongent dans « l’inconcevable univers » qu’évoque Borges dans L’Aleph.
Les titres sibyllins qu’il choisit pour ses œuvres renforcent le caractère énigmatique des images, et renvoient aussi bien aux mots-valises de l’Oulipo qu’aux expressions de la « novlangue » imaginée par Orwell.
Fasciné par les architectures utopiques, Nicolas Moulin emprunte autant aux projets futuristes de Superstudio ou Archigram qu’aux édifices antiques. Ainsi, dans sa photographie Askiatower, il transpose l’hôtel inachevé « Ryugyong » de Pyongyang, septième plus haut gratte-ciel de la planète, dans le désert, comme en écho aux pyramides égyptiennes et aux préceptes de « l’architecture ensevelie » de l’architecte visionnaire du XVIIIe siècle Boullée. Quant à Blankudermilq 01, la construction émergeant tel un vaisseau spatial des entrailles de la terre évoque une guerre des mondes entre friche urbaine réelle et construction fictionnelle. Jouant sur la supposée véracité accordée à la photographie, il instaure le trouble chez le spectateur et le précipite dans l’uchronie des auteurs d’anticipation.
Nicolas Moulin se plaçant à l’intersection des temps passé, présent et futur, et des esthétiques de ruines, de cités de banlieues et de bâtiments imaginaires nous donne une représentation d’un monde post-apocalyptique.
H. C.