L'artiste
Mircea CANTOR
Crédit photo : Philippe Servent
Né en 1977 en Roumanie (RO)
Vit et travaille à Paris (FR)
Représenté par les galeries Dvir, Tel Aviv (IS) ; Magazzino, Rome (IT)
Souvent les oeuvres de Mircea Cantor laissent à l’esprit la rémanence d’une grâce : on y est en suspension, au seuil d’un espace ouvert, sensible, infini, doucement incertain, et dans lequel le réel et des imaginaires se cherchent. Les sujets qu’il aborde expriment avec une conscience aiguë les réalités les plus brutales de nos mondes changeants. L’oeuvre sculpturale Like Birds on high-voltageWire (2009) est à l’image de cette vigilance poétique : des cuillères en argent et d’autres en bois, objets vernaculaires de sa Roumanie natale, sont transpercées et suspendues à des câbles tendus entre les barres d’un portique. Cet étrange abaque évoque les modes de vie qui se côtoient et forment ensemble des motifs répétés et décalés qui s’inscrivent dans la contrainte d’un cadre. Hiatus (2009) est la trace photographique d’une sculpture réalisée en forêt, à même le tronc d’un arbre. L’artiste y a fait reproduire les formes géométriques assemblées d’un fuseau à filer traditionnel du nord de la Roumanie dont l’imbrication des morceaux est telle que si on défait le noeud de bois on ne peut plus les assembler à nouveau. On offrait symboliquement cet objet aux futures mariées. L’image inspire une fable où l’intime et l’universel se rejoignent. Vertical Attempt (2010) est une vidéo d’à peine une seconde présentant le fils de l’artiste près d’un évier coupant l’eau à l’aide d’une paire de ciseaux, laissant soudainement place au noir. Avec une grande économie de moyen, elle traduit la lucidité franche de l’artiste : dans son geste innocent et cruel, l’enfant sectionne le lien qui unit les hommes dans leur continuité pour laisser place à l’oppressante obscurité d’un monde en ordre, rangé comme des cuillères.
François Quintin
Extraits du catalogue ADIAF / Le Prix Marcel Duchamp 2011
En savoir plus :
http://www.mirceacantor.ro