L'artiste
Éric POITEVIN
Né en 1961 à Longuyon (FR)
Vit et travaille à Mangienne (FR)
Représenté par la galerie C, Neuchâtel (CH)
Les photographies d’Éric Poitevin entretiennent un lien ténu avec l’histoire de la peinture. D’abord parce qu’elles en explorent les genres traditionnels (paysage, nature morte, nu, vanité), mais surtout parce qu’elles procèdent d’un regard fortement attaché à la composition, que confirme l’attention toute particulière portée au cadrage, lui-même souligné par l’encadrement. Les vues de sous-bois expriment une densité et un sentiment d’immersion qui rejoignent les intentions de recouvrement de la peinture abstraite. Mais l’analogie s’arrête là, car Éric Poitevin revendique un lien physique avec ses sujets, une relation exclusive et intime qui tient à l’écart toute velléité d’intellectualisation. Par là, il se rattache également à la tradition de la photographie, en particulier celle de la seconde moitié du XIXe siècle (Nadar, Eugène Atget ou encore Roger Fenton), et postule l’humilité d’un médium derrière lequel l’opérateur s’efface au profit du sujet. Une intention qui explique en partie la présence puissante de ce dernier : les ramures noueuses d’un arbre, un chevreuil gisant, une étendue d’eau sont restitués dans toute leur puissance sans que la photographie semble interposer son caractère souvent normatif, uniformisant.
Le travail de Poitevin semble osciller entre deux dominantes. Il se caractérise d’abord par une attention à restituer les environnements, les lieux avec une densité enveloppante. C’est le cas tout particulièrement des paysages et vues de forêts dont les épais rideaux de feuilles ou les brumes matinales empêchent la fuite du regard vers un arrière-plan. Le traitement des sujets, quant à lui, relève d’une intention de suspension : les motifs sont isolés sur des fonds uniformes noirs ou blancs au point de paraître détourés. Ils s’imposent alors dans toute leur singularité en se détachant de leur environnement immédiat. On peut l’observer dans les vues de chevreuils morts saisis dans leur chute sur un tapis végétal sombre, ou encore dans les séries de tronçons d’os disposés dans un coin uniformément blanc.
F. K.
En savoir plus :
http://www.galeriec.ch/eric-poitevin